Mes deux compagnons de cellule ressemblaient maintenant à des rats. Nous parlions comme des rats, nous marchions, nous mangions comme les rats. Nous pourrissions lentement sur la boue de la cave […] Nous attendions la catastrophe - tremblement de terre ou inondation - ou la révolution qui nous rendraient notre liberté, nous feraient jaillir de la terre […] Les geôliers avaient leurs prisonniers favoris. À ceux-là, ils donnaient des privilèges en échange de dénonciations […] C’était pour les louer à des paysans ou à des entrepreneurs. D’abord le prisonnier se croyait sauvé et travaillait avec un zèle accru, afin de ne pas décevoir la sollicitude de son “protecteur” […] Et, peu à peu, le maître prenait plus d’autorité sur son ouvrier clandestin ; il en faisait son esclave […] Nous sommes rats.

By now my two cellmates resembled rats. We spoke like rats, we walked, we ate like rats. We rotted slowly on the mud of the cellar […] We awaited the catastrophe – earthquake or flood – or the revolution that would give us back our freedom, would make us spring from the earth […] The prison guards had their favourite prisoners. To those they gave privileges in exchange for denunciations […] They were to hire them out to peasants or builders. First the prisoner thought he was saved and worked with increased zeal, so as to not disappoint the solicitude of his “protector”. And, little by little, the master took more authority over his clandestine worker; he made him his slave […] We are rats.

— La prison (1963), Pierre Guyotat

THE PRISON #1 | oil on canvas | 160 x 160 cm | 2022

Previous
Previous

Twentynine

Next
Next

Two Figures